Les New York Yankees








Bons tuyaux
 
 
 
 
 

Le Yankee StadiumVu avec des yeux d’européens ou en comparant avec l’écho international d’une « coupe du monde » ou d’une « Champion’s League », le base-ball fait un peu figure d’activité récréative pittoresque et régionale, un peu comme les courses de pigeons de l’amicale colombophile du Brabant Est en Belgique. Les stars de ce sport y ont des noms inconnus, les règles semblent obscures et, à voir la bedaine pesante de quelques uns des joueurs les plus en vue, il est même facile de questionner l’éligibilité du baseball au rang de sport. Après tout, les joueurs passent plus de temps à attendre que quelqu’un frappe sur la balle qu’à courir après !

Toutefois, mettant de côté tous ces préjugés nationalistes et n’écoutant que mon instinct journalistique toujours prêt à prendre des risques pour rapporter un point de vue objectif sur le sujet abordé, j’ai pris, par un bel après-midi de juillet, la ligne de métro B D pour me rendre dans le Bronx au « Yankee Stadium », terrain de jeu des « on ne peut plus célèbre » New York Yankees (ceux de la casquette bleue avec un N et un Y superposés) afin de voir de mon propre chef pourquoi aux yeux de chaque petit américain, les noms de « Babe Ruth » ou de « Joe di Maggio » brillent avec le même éclat que ceux d’un « Pelé » ou d’un « Maradonna » à ceux d’un gamin européen.

A peine entré dans la rame de métro au départ de Manhattan, alors que le stade était encore à une bonne demi-heure de là, on savait déjà que l’on était dans la bonne direction, car la population y était majoritairement vétue de casquettes, T-shirts et autres vestes blanches rayées de bleu. Tout comme les homosexuels, les fans de baseball affectionnent les chaussettes blanches bien remontées jusqu’aux mollets. Mais contrairement aux homosexuels dont les muscles abdominaux sont généralement rayés comme des « fers à gauffre », les fans de baseball ont la panse bien pendante, du type communément appelé « bide à bière » .

Habituellement, la ligne de métro qui mène au stade se vide de toute sa population de couleur blanche à hauteur de Columbia University. Car après Columbia, il n’y a plus que Harlem et le Bronx… et les blancs ne vont ni à Harlem, ni au Bronx. Sauf les touristes européens qui vont voir les messes gospel à Harlem, ou les touristes américains qui vont au Yankee Stadium pour voir un match de base-ball. La station de métro donne d’ailleurs directement sur le stade, ce qui permet de passer un minimum de temps en territoire dangereux. Pourtant, vu le nombre de policiers en faction autour du stade, le seul danger réel m’a semblé être de se prendre une mauvaise cuite, car la bière coulait à flot, et les publicités pour « Budweiser » étaient omniprésentes.
J’avais acheté nos tickets à l’avance ce qui nous permis d’éviter de le négocier au marché noir avec un noir. N’allez pas voir une quelconque allusion raciste à ce propos, mais aux Etats Unis, il est des métiers qui semblent être le monopole de certaines nations ou ethnies. Ainsi, les « nettoyages à sec » et les épiceries seront toujours tenus par des chinois, le serveur qui prendra une commande au restaurant sera blanc, alors que celui qui apportera le plat commandé sera mexicain, les chauffeurs de taxis seront Pakistanais, ceux qui vous vendront des T-Shirts « à 10 dollar pour 4 » et des fausses Rolex aux alentours du départ de la Statue de la Liberté seront africains fort souvent francophones. Les revendeurs de tickets au marché noir, eux, sont noirs (on dit « afro-américains » dans ces cas-là).

Mais venons-en au sujet qui nous intéresse, c’est-à-dire, le baseball. Les New York Yankees ont, paraît-il, l’équipe du siècle! C’est du moins ce qu’en disent les New Yorkais. Ils jouaient ce jour-là, contre les Indians de Cleveland qui, d’après les statistiques d’avant match, étaient la deuxième équipe du moment. A en juger par le score affiché au marquoir en fin de partie (21 – 1 ), je suis fort porté à croire qu’effectivement les Yankees étaient vachement efficaces. 

Tips

Pour se renseigner sur les dates des matches des Yankees, allez faire une tour à l'adresse suivante:

www.yankees.com

Pour acheter des tickets une fois sur place :

Yankee Clubhouse
South Street Seaport
8 Fulton Street
New York, NY 10038
(212) 514 - 7182

Mais je ne me permettrais aucun commentaire personnel sur la qualité de leur jeu, car, pour être honnête, je n’ai pas vu grand chose ! Après un quart d’heure de match, alors que les Indians se faisaient renvoyer un à un sur leur banc de touche, je suis parti prendre commande d’hot dogs, spretzel (une sorte de bâton de pain caoutchouteux et salé) et autre coca pour les amies qui m’accompagnaient car nous avions sauté le déjeuner pour arriver à temps au stade. Je croyais pouvoir profiter du jeu en cours pour ne pas devoir subir les files qui allaient immanquablement se créer durant les mi-temps et c’est là que je pris ma première leçon : au baseball, il n’y a pas de mi-temps et les gens font la file pour acheter des hot dogs durant les trois heures ou plus que dure le jeux. Heureusement, il y avait des écrans de télévision sur lesquels je pus malgré tout suivre le match.

Jeunes filles retournant à leur place avec des SodasQuand je suis revenu à ma place avec un plateau bien chargé, le score était déjà de 4 – 0 pour les Yankees et les Indians reprenaient place à la batte. J’ai réalisé à ce moment qu’être fan demande bien plus que de bonnes cordes vocales, car les marches des gradins sont forts raides et que l’espace laissé à chaque siège est réduit. Vous pourrez donc imaginer les acrobaties nécessaires pour ramener un plateau en carton chargé de Hot Dog, de Ketchup, et de Coke « Extra-Large » (en français, je traduirais par « taille bassine ») dans des gobelets même pas rigides, lorsqu’on est assis à la rangée N siège 20 de la section 7 du stade. En plus, il faut s’assurer que l’on est dans une position sûre aux moments importants du jeu afin d’éviter de se faire bousculer par la foule en délire, toujours prête à bondir d’un seul homme pour mieux voir où va atterrir la balle que vient de frapper le batteur ! J’ai d’ailleurs manqué les trois points suivants car, de retour à ma place et ayant le plateau sur mes genoux, je ne pus me lever comme tout le monde et je suis resté coincé sur mon siège à demander à mes voisins ce qui se passait.

Je suis alors parti à la recherche de bouteilles d’eau car il faisait quand même presque trente degrés centigrades ce jour-là et bien que la partie du stade où nous nous trouvions était ombragée, il faisait plutôt soif ! J’ai tenté de choisir une meilleure file que pour les hot-dogs, et j’ai donc cherché à me faire servir par une fille parce que vraiment, les garçons pour ce qui est de manipuler la nourriture, ils sont sans espoir ! Arrivé au guichet, la serveuse m’a dit qu’on ne servait pas d’eau à ce poste, que je devais aller à celui d’à côté !

File devant un stand à Hot Dog

J'ai donc pris la décision de descendre d’un étage en espérant trouver moins de gens dans les files. Mais c’était peine perdue. Un gars qui venait de se faire servir, est venu m’expliquer, un plein gobelet en carton à la main, que si je voulais une petite bière j’allais devoir insister, mais que je ne devais pas me laisser faire parce que même si pour un dollar de plus on avait une « extra-large » (« taille bassine »), avec la chaleur qu’il faisait, la bière deviendrait vite chaude et ce serait un dollar de perdu. Je me suis retenu de lui dire qu’une bière servie dans un verre en carton mou c’était de toute manière un dollar de perdu et que bien plus, dépenser son argent pour une « Budweiser » c’était vraiment du gaspillage, mais bon, j’ai préféré me taire.

J’ai demandé une bouteille de coca et une bouteille d’eau. La serveuse m’a dit que l’eau n’était pas fraîche et m’a demandé si je voulais deux coca. Je lui ai dit que tout compte fait j’allais prendre deux bouteilles d’eau. Elle m’a regardé comme si je venais d’elle ne savait pas où et il y a d’ailleurs des chances qu’elle n’ait jamais entendu parlé de Jodoigne, ni même du Royaume de Belgique. Mais, j’aurais difficilement pu lui en vouloir et d’ailleurs, cela n’avait rien à voir avec le fait que j’avais soudain décidé de ne pas prendre de coca…

Batter, receiver et umpireQuand je suis revenu à ma place, les Yankees menaient gaillardement 17 à 0. C’était un peu le genre de score que l’équipe Z des Cadets du « RSC Anderlecht » avait infligé un jour à l’équipe A du « PATRO Piétrain », le club du petit village proche de chez mes parents, dans laquelle je jouais au football à mes quatorze ans. A l’époque, mes coéquipiers et moi, nous l’avions pris comme un honneur. Après tout, la même équipe d’Anderlecht avait mis 5 goals de plus à « Jandrenouille », le village d’à côté. Je ne crois pas que les Indians de Cleveland aient pris cette défaite de la même manière, mais quand, dans un sursaut d’honneur, ils sont enfin parvenus à ramener un joueur « à la maison » pour marquer leur seul et unique point de la partie, les supporters des Yankees se sont malgré tout senti obligé de les huer.

Entre-temps, les américains faisant bien les choses, tout était organisé pour que le public ne s’ennuie pas ! Sur le grand écran, une chanson de supporters passait en karaoke, avec même la petite balle qui bondit pour dire aux gens où on est dans la chanson. La sono jouait régulièrement des extraits des standards pops de ces 30 dernières années, depuis la disco jusqu’au rap. Il y avait vraiment de quoi satisfaire tous les publics, et quand les hauts-parleurs crachaient des claquements sur le rythme de « Ce N’est Qu’un Début Continuons le Combat », slogans rythmés révolutionaires incontournables dans toute manifestation syndicale bien organisée en Europe, l’écran indiquait aux gens qu’ils devaient frapper dans leurs mains en suivant le rythme. J’étais d’ailleurs tellement fasciné par ces différentes attractions que je n’ai jeté qu’un rapide coup d’oeil au 3 points suivants que les Yankees assénaient aux Indians pour bien leur signifier que c’étaient eux les patrons et qu’il ne s’agissait pas de se donner de faux espoirs à 20 – 1

Il était alors déjà 7 heures du soir et nous nous sommes empressés de quitter le stade avant la fin du match pour éviter la cohue du métro et rentrer à temps vers Manhattan. Et je crois que je regretterai toute ma vie d’avoir manqué le dernier point marqué par les Yankees. D’après les journaux du dimanche, il était de toute beauté !

Bons tuyaux

Autres Boroughs:
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Autres Activités Récréatives:
 Central Park, Roller Blade, La Plage

NDLR: Un tout grand merci à Gerald Lenoir de Lausanne pour ses corrections.