Pour vivre en ville, il faut être prêt à encaisser des décibels ! Cela fait belle lurette que les sirènes des forces de police, les klaxons des pompiers ou le bruits des camions poubelles ne troublent plus mon sommeil , et pourtant, ce n’est pas parce que je loge au 17e étage qu’on ne les entend pas ! Mais l’autre jour, lorsqu'un ahuri s’est permis de jouer de la grosse caisse à ma fenêtre, je me suis dit que là, toutes les bornes avaient été dépassées et que celui-là allait payer pour les autres !

Emergeant d’un sommeil d’autant plus profond qu’il était déjà quasiment deux heure de l’après-midi, je me suis penché à la fenêtre pour apercevoir bien loin, là en bas, un multitude de petites fourmis oranges qui occupaient gaillardement Broadway, là où d’habitude, ce sont plutôt les taxis jaunes qui pullullent. Grâce au zoom de mon appareil photo, j’ai pu deviner qu’il s’agissait de la parade annuelle des Sikh ! Non pas des gens malades, qui ont déjà bien du mal à se guérir chez eux sans en plus se réunir pour échanger leurs microbes, mais bien des résidents de religion Sikh.

Il faut savoir que la pénurie de techniciens qualifiés dans le domaine de l’informatique est telle, que les Américains sont prêts à importer à peu près n’importe qui pouvant prétendre être capable de frapper sur un clavier, et ce quelque soit le niveau de connaissance de la langue anglaise de l’intéressé. Or, il se fait que l'Inde dispose de pas mal d'écoles d'informatiques plus ou moins performantes. Et donc, en ce charmant samedi de fin avril, alors que le soleil radieux réchauffait la ville pas encore bien remise d’un hiver maussade, la communauté Sikh avait décidé de revêtir ses habits d’apparat et de défiler sur Broadway.

Il semble toutefois que les fanfares et majorettes ne fassent pas partie des activités traditionnelles des Sikh car bizarrement, les musiciens (dont ceux qui m’avaient gaillardement réveillé) et les demoiselles en minijupe jouant avec des drapeaux, étaient tous de couleur bien blanche. Par contre, entre deux fanfares, les différentes associations locales avaient mobilisé tout ce qu’il y avait de disponible en vieillards barbus, en dames portant le voile ou en gamins et gamines enturbannés.

Il y avait en général un meneur qui criait quelque chose dans une langue qui me parut aussi bizarre que le flamand du Limbourg vociféré par les supporters du RC Genk (petit village situé à la frontière entre la Hollande et la Belgique), lorsque ses joueurs sont en train de foutre une raclée à Anderlecht, l'arrogant club de la capitale. Ensuite, les gamins défilant parfois en file... indienne, reprenaient en coeur ce slogan et le faisaient avec enthousiasme. Ce qui se disait dans ces slogans reste pour moi un mystère. Il pouvait tout aussi bien s’agir d'une traduction du GOD SAVE AMERICA mal candancée que d’une liste non-exhaustive d’insultes aux nombreux policiers qui escortaient le cortège d’un oeil bien plus bienveillant qu’à l’habitude lorsqu’ils ont affaire à des gens de couleurs ne parlant pas anglais. Personne n'aurait pu dire la différence.

Toujours est-il qu’à en juger au nombre de gosses qui marchaient ce jour-là, l’avenir de la religion sikh est assuré aux Etats-Unis et après tout, c’est une chouette promenade pour des gamins que de descendre Broadway avec tous leurs copains du quartier...