Si il est
une parade, parmi les nombreux défilés qui bloquent la 5e
avenue le week-end, que je ne voulais manquer pour rien au monde, c’était
la "Gay Pride". Non pas par affinité sexuelle, mais bien parce que
de toutes les parades en question, c’est la seule dont on nous montre de
temps à autre des images dans les journaux
télévisés européens.
La "Gay Pride" se tient chaque année aux alentours du 28 juin, date à laquelle la fermeture d’une boîte gay du Village avait provoqué une révolte contre la police de New York. Je croyais donc y trouver un mélange d’esprit de provocation et de contestation politique. Je m'attendais à quelque chose de vraiment choquant, à une déferlante de folie qui aurait ravagé la ville. Après tout, c'est tout ce que la ville compte de minorités sexuelles réprimées qui était censé faire la fête dans les rues ce jour-là et à en juger par la parade des portoricains la semaine précédente, j'imaginais que cela allait être grandiose.
Et bien non. La plupart des groupes qui défilaient étaient des associations actives dans la lutte contre le sida et autres. Il y avait même plusieurs églises représentées. Les participants étaient vieux, voir très vieux. Et si je trouvais que dans les clubs et les bars, les homosexuels s'habillaient avec style et bon goût, le jour de la parade, c'était un festival de shorts et baskets avec les soquettes blanches bien remontées sur les mollets et le t-shirt marcel bien moulant. Un vrai désastre. On se serait cru à un défilé de mode beauf.
Il y avait bien quelques groupes plutôt mignons, comme les deux play-boys en cadillac blanche revendiquant le droit au mariage pour les homosexuels. Quelques autres étaient plus proche de la réputation de la parade, comme le char de la discothèque "Roxy" qui présentait un groupe de Drag Queen qui chantaient "live". Par contre, K-rock Station, la "Fun Radio" version locale, affichait bêtement un blondasse qui faisait du play-back en ne suivant même pas le rythme de sa chansonnette ultra pop-bright. On aurait cru un podium RTL-TVI. Globalement, rien qui ne soit réellement excitant. Et le pire, c'est que, ayant mon appareil photo pour prendre quelques souvenirs, je me trouvais constamment en compétition avec trois ou quatre photographes professionnels et avec une dizaine de touristes pour prendre le cliché qui tue.
En gros, je crois que même le carnaval de Jodoigne fait honorable figure face à ce défilé vaguement bricolé. Et pourtant, Dieu sait si le carnaval de Jodoigne est ringard. Mais ceux qui m'ont le plus fait rire, ce sont les représentants portant fièrement la bannière des Irish American Gay. Ils étaient trois, dont un noir! Même en Irlande tout fout le camps!
Sans
doute, le défilé n'est-il plus ce qu'il était dans
les années quatre-vingt. Sans doute, les années nonante ont-elles
brisés suffisament de tabous pour qu'un grand mince avec une perruque
et des hauts-talons ne passe plus pour un pervers. Peut-être aussi
me suis-je rendu là comme un vrai con de touriste, espérant
assister à un spectacle, alors que la finalité profonde du
défilé était de permettre à des associations
qui font un travail de terrain paraît-il remarquable de se faire
connaître d'un plus large publique. Plus simplement, le but était
aussi de rendre hommage aux victimes de la seule épidémie
qui fassent encore peur même aux pays développés. Et
je dois dire que la minute de silence en face du Flat Iron Building à
la 14e rue, était impressionante. Il n'empêche que les
portoricains sont nettement plus drôles, mieux déguisés
et surtout, ils dansent vachement mieux.
Mais vous savez ce qui m'a le plus écoeuré. C'est que durant les trois jours qui ont précédé le défilé, tous les meilleurs DJ du monde s'étaient donnés rendez-vous dans la city. Dimitri from Paris était à Tribeca, Carl Cox au LimeLight et Junior Vasquez au Twilo! Conséquence, même ces endroits pourtant relativement mixtes en temps normaux étaient devenus de vrais paradis pour gays. Et bien, c'est pas évident de se sentir à l'aise dans une boite quand il n'y a que des hommes torses nus sur la piste, qu'il y a à peine suffisament d'espace pour respirer et qu'à la moindre occasion, on te mets la main à la hanche quand ce n'est pas ailleurs. L'année prochaine, j'éviterai de sortir le week-end de la gay pride. Serais-je homophobe? Bah, de toute manière cela n'avait pas d'importance, car de ce club, ce soir là, c'était moi la minorité...
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